dimanche 10 avril 2011

ARTISTE : DAMIEN HIRST

Damien Hirst


Alors qu'il réalise des études au Goldsmith's College of Art de Londres de 1986 à 1989, Damien Hirst est aussi sculpteur et commissaire d'exposition. On le considère comme faisant partie du courant des "Young British Artists". Sa première exposition personnelle a lieu en 1990.

En 1995, il remporte le "Turner Prize". Les thèmes de son travail sont l'art, la vie et la mort qu'il traite sous forme d'installations. Il expose dans des vitrines des objets provenant de la vie réelle : tables, mégots, médicaments, animaux. 

À partir de 1992, il expose dans des aquariums des cadavres d'animaux coupés en deux de manière à voir l'intérieur comme l'extérieur et plongés dans du formol ralentissant ainsi le processus de putréfaction. À partir de 1993, il travaille sur une série de toiles monochromes piquées de papillons naturalisés intitulée "I Feel Love". Il collabore avec plusieurs célébrités comme le groupe "Blur" pour qui il réalise une vidéo ("The Country House") et avec David Bowie pour des peintures. En 2003, il développe son travail en éclaboussant ses installations de sang figé sur le sol ("Blood"). Le film "The Cell" se serait inspiré de l'univers noir de l'artiste.

Damien Hirst est dorénavant un artiste contemporain mondialement reconnu, dont l'univers reste mystérieux malgré les nombreuses installations de tout acabit. En 2008 il met aux enchères sur Internet plus de 220 de ses oeuvres (en court-circuitant les galeries et leurs commissions) et engrenge plus de 65 millions de Livres Sterling.













HIRST PRÉSENTE L'OEUVRE LA PLUS CHÈRE JAMAIS PRODUITE À LONDRES

Pour entrer dans la galerie White Cube de Londres, le visiteur doit se procurer un ticket (gratuit) pour admirer, en groupe de trois ou quatre personnes maximum et en l'espace de deux minutes chronométrées par un agent de sécurité intransigeant, l'œuvre d'art la plus onéreuse jamais produite.

Il s'agit d'un crâne du XVIIIe siècle auquel on a rajouté une dentition humaine et que l'on a agrémenté de 8600 diamants de petite taille et d'un diamant plus important, incrusté dans le front. Soit en tout 1106,18 carats. Cette œuvre, qui aurait pu surgir de l'imagination d'un scénariste pour le prochain James Bond, a coûté près de 20 millions de dollars à l'artiste anglais Damien Hirst, qui seul l'a financée.

Damien Hirst, chouchou du marché de l'art international et acteur central du renouveau de l'art contemporain anglais des années 90, gère une véritable entreprise de création artistique. Un artiste qu'on connaît autant pour ses sculptures, peintures, dessins et installations que pour le marketing qu'il orchestre lui-même pour chacune de ses expositions.

Il a ici tout conçu, depuis la façon dont les spectateurs voient le crâne (puisqu'en l'occurrence il s'agit d'un véritable spectacle) jusqu'au reste de l'exposition, qui occupe les deux espaces monumentaux de la galerie, dans le West End (Mason's Yard) et dans l'est branché de Londres (Hoxton Square).


Cent vingt secondes riches en émotion
Le crâne, pièce centrale du dispositif, est exposé dans un espace séparé. Armé d'un ticket spécialement conçu et dessiné par l'artiste, le spectateur curieux y parvient après avoir franchi plusieurs contrôles de sécurité et laissé son sac à l'entrée.

"For The Love Of God" ("Pour l'amour de Dieu") se présente un peu, et peut-être de façon ironique, comme la huitième merveille du monde : le crâne "apparaît" au centre d'un espace complètement sombre, éclairé de façon admirable et visible derrière une épaisse protection de verre.

En l'espace de cent vingt secondes, on traverse toute une série d'émotions, de l'éblouissement à l'agaçement, de l'admiration à l'incompréhension. Mille questions surgissent. S'agit-il d'un pied de nez au monde de l'art avec ses envolées quasi boursières, à une époque ou une toile de Rothko se vend quasiment à 54 millions d'euros ?

S'agit-il, contre la fatuité d'une simple toile faite de matériaux de peu de valeur, d'exhiber un objet dont la valeur est presque éternelle et infinie, dans le temps et l'espace ? Car, même si un diamant n'a de valeur que parce que nous lui en attribuons, qui oserait prétendre que ça ne vaut rien ?

Pour autant, un crâne, même couvert de diamants, vaut-il plus que la vie ? La vie est-elle éternelle jusque dans la mort ? Hirst semble poursuivre ici son étude de la vie et de la mort, de leur aspect tout aussi miraculeux que fragile.

Cette pièce, admirable autant qu'obscène, n'est que l'aboutissement d'une œuvre accompagnée, et même portée par la controverse. Malgré son prix de vente, 100 millions de dollars, cinq acheteurs potentiels –dont semble-t-il le chanteur George Michael– sont prêts à l'acquérir. Peut-on en conclure que plus aucun prix n'effraie dans un monde où il y a compétition pour acheter ce qu'il y a de plus cher ?

Si les diamants sont certifiés » conflict free » (c'est-à-dire produits hors des zones de conflits en Afrique et donc ne finançant pas la guerre), on peut légitimement se demander pourquoi dépenser autant pour une œuvre dont la seule qualité est d'apparaître chère dans un monde ou les inégalités ne cessent de croître.

Animaux découpés et baignés dans le formol
Ce crâne est qualifié par certains de farce, et certains journalistes de la presse conservatrice anglaise y voient la fin de la carrière de Hirst. Le reste de l'exposition propose une série d'œuvres dans la lignée des travaux précédents de l'artiste et de son atelier. Hirst qui, comme un peintre classique, ne fait que dessiner des croquis et apporter une touche finale, confie la réalisation de ses pièces à de nombreux assistants.


Ainsi, les deux étages des deux vastes espaces de White Cube, une galerie qui représente et expose les stars internationales de l'art (d'Andreas Gursky à Tracey Emin en passant par Jeff Wall) sont couverts de toiles, collages et animaux coupés, cloués et collés dans d'immenses coffres en verre et baignés dans le formol.


Soutenu par Saatchi et vainqueur du Turner Prize en 1995, Hirst est depuis longtemps connu pour ses animaux, en général de grande taille, coupés et placés dans du formol. Cette obsession de Hirst pour la science de la vie et la mort est très présente ici, que ce soit avec un requin tranché en deux dans le sens de la longueur ("Death Explained", "La Mort expliquée"), un mouton ("Black Sheep" , "Mouton noir") ou encore deux vaches dont le corps est coupé au niveau des pattes avant ("Love's Paradox" , "Paradoxe de l'amour").

D'autres pièces "animalières" se penchent de façon provocatrice sur la mythologie chrétienne : moutons dépouillés et crucifiés dans "God Alone Knows" ("Dieu seul sait"), chèvres agenouillées en position de prière devant un squelette de nouveau-né en argent et en couveuse dans "The Adoration" ("L'Adoration"), vache debout sur ses pattes arrière percée de dizaines de flèches dans "Saint Sebastian, Exquisite Pain" ("Saint Sébastien, douleur exquise").

En procédant ainsi, Hirst nous confronte avec ce que nous ne voyons pas, ou refusons de voir, dans notre vie quotidienne. Le visiteur se retrouve face à l'intérieur du corps des animaux, c'est-à-dire à l'intérieur de notre propre corps, de notre corps-machine et de notre corps-science.

Des images de cellules atteintes de maladies graves...
Cette fascination du corps et de l'humain est manifeste aussi dans les toiles (à la précision quasi-photographique) représentant la naissance de son dernier enfant. Le surgissement de la vie par la mise au monde est mis en parallèle avec le phénomène de la maladie, dans des toiles de très grande taille sur fond rouge, composées à partir d'images agrandies de cellules atteintes par diverses formes de maladies graves, avec notamment des lames de rasoir, des cheveux, des bouts de verre et du vernis.

Ces images abstraites ne deviennent vraiment incommodes qu'à la lecture des titres : "Skin Cancer" ("Cancer de la peau"), "Salivary Gland Cancer" ("Cancer des glandes salivaires"), "Fungal Liver Infection" ("Infection fongique du foie") ou encore "Prostate Blood Clot" ("Caillot de sang dans la prostate").

Le systématisme de l'approche de Hirst dans son découpage très précis des maux humains et des corps animaux, tout comme ses étagères de pastilles pharmaceutiques ou d'espèces de poissons, constituent son originalité dans un monde de l'art souvent trop uniforme.


Ne cessant d'étonner, Hirst agace aussi par ses provocations constantes et par son marketing forcené. Qu'inventera-t-il pour faire suite au crâne incrusté de diamants de « For The Love Of God » ? Ira-t-il un jour jusqu'à exposer, pour l'amour et en l'honneur de Dieu, des êtres humains découpés et placés dans un bain de formol ?


DAMIEN HIRST, VÉRITABLE STAR DE L'ART, JOUE QUITTE OU DOUBLE !


Le roi de la scène britannique met aux enchères à Londres près de 300 de ses œuvres réalisées en 2008. Pionnier, cynique, gonflé, ou suicidaire ?

À quoi ressemble un roi anglais ? À un homme de taille moyenne, lunettes à large monture noire de rocker, chemise blanche au dos orné d'un crâne, décontraction fashion et désinvolte qui fait tout le charme de l'Angleterre.

Né en 1965 à Bristol, Damien Hirst est l'artiste roi de la "Cool Britannia", le chef de file de la "YBA Generation" ("Young British Artists"), l'esprit fort qui a mené de main de maître sa carrière, sa cote, son studio et ses 120 assistants, bref ses affaires florissantes, en bon disciple de l'économie de marché.

Le temps est loin où ce bad boy faisait scandale en posant à côté de la tête d'un mort, sorte d'éclat de rire punk en pleine morgue pour une vanité obscène et contemporaine. Les grands directeurs de musée se souviennent de la Biennale de Venise 1993 où cet artiste d'un nouveau genre frappa tous les esprits avec son "Mother and Child Divided", une vache et son veau découpés en tranches et immergés en fil indienne dans une suite d'aquariums. Séduits, ils le sont toujours par ce diable d'homme qui défiait les limites de l'art, même si sa vente de près de 300 œuvres de 2008, le 15 septembre chez Sotheby's à Londres, copies de celles qui firent sa légende et vraie multiplication des pains, les fait frémir d'horreur. 

« Il s'agit de planter un drapeau sur la Lune, d'être le premier artiste à aller directement du studio aux enchères. Il y a une sorte de bravoure là-dedans. Beaucoup de jeunes artistes me trouvent “cool” de prendre un pareil risque à ce point de ma carrière. La plupart des artistes passent leur vie à lutter pour se faire reconnaître et finir un jour au musée. J'aime les enchères, elles sont plus démocratiques. Mon business manager m'a encouragé sur cette voie, alors que toutes les galeries essayaient de m'en dissuader. Beaucoup de ceux qui achètent aux enchères n'ont pas accès aux galeries qui fonctionnent en circuit fermé. J'aime l'idée, aussi parce que tout le monde m'en a dit pis que pendre. J'aime bien prendre le mauvais chemin », leur répond du tac au tac Damien Hirst, 43 ans, petit œil bleu inquisiteur et cheveux poivre et sel ébouriffés avec art.

De l'art à la surproduction
Longtemps, ce fils du prolétariat anglais, amateur de billard et de bière, ponctuait ses interviews de «shit» et de «fuck» en guise de virgules. L'art, tendance Sex Pistols. Aujourd'hui, le langage est plus châtié, le discours posé, quoique très direct, l'artiste étonnamment lucide. Sobre, riche «plus de 100 millions de livres», nous dit-il ce père de famille assagi est collectionneur comme ses trois clients émérites, le Californien Eli Broad, le Breton François Pinault, l'Ukrainien Viktor Pinchuk. Un grand Bacon au bleu nuit trône derrière son canapé. Un lapin en acier de Jeff Koons, cette Inflatable Serie inspirée des jouets d'enfant gonflables, est posé sur son bureau comme un trésor antique. En attendant de découvrir son futur musée privé en son manoir de Toddington (Gloucestershire), l'ex-«bad boy» du collectionneur anglais Charles Saatchi semble dans les affres de la légitimisation.

En moins de dix ans, ce roi du marché de l'art a imposé comme un standard dans les salons chics ses Spot Paintings, grands formats blancs avec un semis géométrique de points de couleur à la gaieté décorative, et ses Butterfly Paintings aux papillons englués dans la peinture industrielle qui défient la convention de Washington sur les espèces menacées. Où est l'art, où commence la surproduction ?

« Je ne sais pas exactement combien d'œuvres sont sorties de mon studio. Peut-être 1 000 Spot Paintings. J'ai peint moi même les cinq premiers. Quand j'ai commencé cette série, je l'ai conçue comme une série illimitée. Il existe peut-être 300, 400 Spin Paintings (disque tournant sur lequel la peinture est déversée au hasard du geste), tous de formats différents. À peu près autant de Butterfly Paintings. Je vais arrêter tout ça. La vente aux enchères est un bon moyen. J'ai besoin de faire de la place dans ma tête. » 






La célébrité méritée de Damien Hirst : 
Damien Hirst est un peu le "Dandy Gaga" (en référence à la Lady ridicule et plagiaire). Il s'est fait une réputation par le biais d'oeuvres scabreuses, choquantes, parce que le plus souvent elles sont excentriques, maccabre et particulièrement de mauvais goût. Des oeuvres qui ont été pensées stratégiquement, afin de conquérir le marché de l'art, parce que le marché de l'art favorise les esprits tordues, l'occultisme et la prostitution... En ayant donné une forte valeur et beaucoup de considération pour l'oeuvre de Hirst, cela a une  forte et considérable influence sur les artistes du 3ème millénaire qui peu à peu s'adonnent au macabre et à l'occulte afin d'avoir enfin eux-même un peu d'attention. Pour l'artiste à court d'idées, macabre, vices et  fantasmes sont des sources d'inspiration inépuisable! Sexe, et mort... L'Art considéré comme "offrande" aux dieux "Eros et Thanatos" ! 
Il y a fort à parier que la majorité des artistes contemporains, défendrons et adopterons les idées de Damien Hisrt. Ils seront aussi nécessairement tentés de suivre ses traces comme celles de Lady Gaga; question d'obtenir leur petite heure de gloire, mais aussi peut-être afin de satisfaire leurs pulsions. 
Du reste, même si je déteste ce que fait Damien Hirst, je conseille vivement aux artistes du troisième millénaire de donner dans le macabre et l'occulte... Quand ont cherche la célébrité, il faut d'abord la mériter!

(Marc Solis, historien d'art)


www.damienhirst.com/
arts.fluctuat.net/damien-hirst.html
fr.wikipedia.org/wiki/Damien_Hirst
www.artchive.com/artchive/H/hirst.html
www.whitecube.com/artists/hirst/

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